Christophe Galtier est-il devenu fou ?

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Après la déroute des stéphanois à Geoffroy-Guichard face à Lorient (0-2), l’entraîneur forézien a expliqué la deuxième défaite consécutive de son équipe dans son antre par l’état de fatigue générale de son effectif. Le club aux 10 titres de champions de France paierait « cash le match face à Paris ». Un match disputé le dernier jour du mois de novembre serait la cause de tous les mots du club forézien alors troisième de Ligue 1 et désormais retombé dans l’anonymat du milieu de tableau.

« Les 120 minutes de Paris, on les paie cash. Sur le déplacement suivant, en jouant le vendredi,  on a l’absence d’Aubayemang après le match, on a la blessure de Brandao à Ajaccio. Ça fait beaucoup de choses sur des matches où on aurait pu espérer mieux. L’absence conjuguée de Brandao, d’Alonso et Nicolita dans le secteur offensif, fait qu’on a moins de fraicheur… on tire sur les mêmes joueurs. On peut ressentir une certaine fatigue physique. »



Le coach stéphanois est-il devenu fou ? Se cherche t-il des excuses ou a t-il visé juste ? De la réponse à la question dépendent les ambitions à court terme du club. Par chance, Christophe Galtier n’est pas devenu dingue. L’ancien adjoint d’Alain Perrin pointe les insuffisances passagères du club. Pas aidé par les circonstances.

Depuis sa victoire arrachée aux tirs aux buts face au Paris Saint-Germain, l’AS Saint-Etienne n’a plus remporté la moindre victoire en championnat, concédant même deux défaites à domicile quand bien même ils restaient sur une série d’invincibilité de 13 rencontres. Pire, alors que les hommes de Galtier étaient la seconde meilleure attaque du championnat, ils n’ont plus marqué le moindre but depuis.

Placé entre deux journées de championnat et à 10 jours du Derby, le quart de finale de la Coupe de la Ligue restait l’objectif des stéphanois. Christophe Galtier aligna son équipe type du moment. La qualification fut une étape importante dans le tableau de marche du club. La Coupe de la Ligue reste un objectif prioritaire pour les stéphanois. La voie la plus rapide vers un titre et une qualification européenne. Recevoir les parisiens une poignée de semaines après leur victoire au Parc des Princes corsait la tâche. Les verts ont réitéré l’exploit en résistant aux assauts franciliens. Saint-Etienne n’est plus qu’à deux matchs du premier titre du club depuis son dixième sacre de champion de France obtenu en 1981. Mais cette victoire a laissé des traces.

Depuis le tir au but victorieux de Pierre Emerick Aubameyang, les stéphanois n’ont plus fait tremblé les filets et engrangé que 2 points en quatre rencontres de championnat. La baisse de régime des joueurs offensifs n’y est pas étrangère. Après avoir marqué 16 buts la saison dernière, PEA n’a cessé de jouer ces derniers mois. Le gabonais n’a pu profiter de la trêve estivale, mobilisé qu’il était avec sa sélection nationale pour les Jeux Olympiques. Depuis le début de saison, le meilleur buteur des verts a joué 1430 minutes en championnat auxquelles il convient d’ajouter 240 minutes en Coupe de la Ligue, soit 1670 minutes passées sur le terrain à multiplier les appels. La victoire face au PSG a laissé le gabonais avec des gênes musculaires qui conduisirent Christophe Galtier à le laisser au repos pour le déplacement à Ajaccio.

Une partie au cours de laquelle son sens du but manqua aux foréziens qui ne trouvèrent pas le chemin des filets. Pire, Brandao qui par sa présence sur le terrain libère des espaces pour les feu follets stéphanois se claqua, privant le coach stéphanois d’une option tactique pour la rencontre face à l’Olympique Lyonnais.

Vient alors le Derby où l’attaque stéphanoise fut conduite par un Pierre Emeric Aubameyang placé dans l’axe, avec Max-Alain Gradel et Romain Hamouma sur les côtés. Plus que de l’énergie physique, les stéphanois ont épuisé leurs ressources mentales dans la préparation de ce derby. A défaut de le jouer sur le pré, les verts ont joué et rejoué la partie dans leurs têtes.

Match le plus important de l’année, le derby est de ces parties qu’il convient de gagner, peu importe la manière. Les verts l’ont perdu, et avec les 3 points c’est une bonne part de la confiance des stéphanois qui s’est envolé. Les verts se sont inclinés sur le terrain sans combattre. Ils ont toutefois perdu Alonso expulsé pour excès de…stupidité et mobilisé beaucoup d’influx dans la préparation d’une rencontre qu’ils se sont refusés à disputer avec leurs armes.

Christophe Galtier a du mobiliser les mêmes joueurs pour la rencontre à Chaban Delmas où ses stéphanois ont d’abord cherché à se rassurer. Défensivement, ils n’ont jamais été inquiétés. En revanche, hormis deux frappes de PEA qui ont manqué de peu la cible et une tentative de lob de Ghoulam titularisé au poste de milieu gauche pour bloquer les montées de Mariano, les stéphanois n’ont pas été en mesure de provoquer. L’animation offensive des verts fut amorphe. Elle ne fut guère plus réjouissante face aux Merlus. Les attaquants stéphanois n’ont pas pesé sur la première période. Et la seconde mi-temps fut l’occasion de donner du temps de jeu au jeune Aleksic. Le bon nul obtenu en gironde aurait pu être bonifié par une victoire à domicile. Mais les verts se firent corriger par des Lorientais en pleine forme.

L’argumentation de Christophe Galtier est d’autant moins folle que les qualités de joueurs offensifs de l’ASSE résident grandement dans leur explosivité, et sont particulièrement affectées par un léger moins bien physique. Outre Aubameyang, les deux ailiers des verts ont accumulé les minutes de jeu. Romain Hamouma 1378min (1149 en Ligue 1 +229 en Coupe de la Ligue) et Max-Alain Gradel 1344min (1128 + 216) furent nettement moins tranchants lors des quatre dernières rencontres que lors des 14 précédentes.

Plus encore que la fatigue physique générée par la rencontre face à Paris c’est l’influx mental mobilisé dans la préparation de deux rencontres déterminantes pour le club que les stéphanois paient cash.

Les résultats de leurs adversaires corroborent l’analyse de Christophe Galtier. A la suite du quart de finale de la Coupe de la Ligue, les parisiens ont accusé le coup et concédé une défaite à Nice, ce qui amena certains à envisager le départ de Carlo Ancelotti. A la suite du Derby, pourtant leader du championnat, l’Olympique Lyonnais a abandonné deux points en route en cédant le nul sur son terrain face à la lanterne rouge du championnat, l’ASNL.

Reste la déroute face aux hommes de Christian Gourcuff. La dernière déconvenue des coéquipiers de Stéphane Ruffier intervient face à une équipe de Lorient en feu qui vient d’enchaîner quatre victoires en Ligue 1 et de grimper sur la quatrième place…Une place qui attendait les stéphanois en cas de victoire à domicile. Tout n’est pas rose du côté du forez mais la méforme actuelle n’est pas (encore ?) alarmante. Christophe Galtier n’est pas devenu fou, du moins pas plus qu’avant dimanche dernier. Les verts paient bien cash en championnat les efforts consentis en Coupe de la Ligue pendant 120 minutes face au futur champion de France. Au soir du 15 janvier, on saura si le jeu en valait la chandelle. D’ici là, les Verts se seront reposés et n’auront plus d’excuses. En attendant ils seraient bien inspirés d’imiter leurs deux derniers bourreaux et d’aller s’imposer au Vélodrome à l’avant veille de Noël.