Bosh, un facteur X majuscule.

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Le Heat marque le pas, mais il est un joueur dont le rôle est trop souvent sous-estimé, un joueur pourtant majeur qui a su s’adapter à merveille aux exigences d’un nouveau collectif. Ce coup de mou du mois de janvier est probablement le premier, depuis la réunion des Three Amigos, qui n’est pas directement imputé à Chris Bosh. A raison.



Au mois de janvier, le Heat a perdu 5 matchs et en a gagné 6. Au mois de janvier le Heat a beaucoup joué sans Dwyane Wade, économisé pour les joutes des playoffs. Au mois de janvier le Heat a souffert, tombant dans des travers défensifs qu’on lui connait, lorsque l’équipe manque de concentration, de motivation.

Pendant ce temps, ses concurrents directs ne lèvent pas le pied. Indiana continue de tout détruire sur son passage autour d’un collectif parfaitement huilé et d’une défense de tous les instants. Oklahoma City continue sur sa voie royale, derrière un Kevin Durant inarrêtable qui compense a merveille l’absence de Westbrook.

Le Heat marque le pas, mais il est un joueur dont le rôle est trop souvent sous-estimé, un joueur pourtant majeur qui a su s’adapter à merveille aux exigences d’un nouveau collectif. Ce coup de mou du mois de janvier est probablement le premier, depuis la réunion des Three Amigos, qui n’est pas directement imputé à Chris Bosh. A raison.

Rapide retour en arrière : Juin 2013, Game 6. Le Heat est sur le point d’être défait en finale à San Antonio. Les cordons de sécurité sont prêts, le trophée bientôt amené au bord du terrain. Mais il reste une poignée de secondes. Sur le shoot de Lebron, c’est l’ami Chris Bosh qui se saisit du rebond avant de délivrer une passe décisive pour le shoot somptueux de Ray Allen, qui permet au Heat d’arracher la prolongation.

En Overtime maintenant. Cette fois, l’intérieur s’illustre par deux actions défensives ultra décisives. Avec 32 secondes restantes, il contre la tentative de tir de Parker, bourreau de Miami a maintes reprises dans ses finales. C’est enfin lui qui scelle le sort du match et la victoire en contrant la dernière tentative à 3pts de Danny Green. Merci Chris Bosh.

Le contre décisif sur Green. Devant le banc des Spurs subjugué.

Il aura fallu trois actions d’éclats, dans le clutch time d’une finale NBA, pour qu’on perçoive réellement l’importance du joueur dans les systèmes du Heat. Peu flashy, pas le genre à terminer les alley oop ni à écraser ses adversaires sous le cercle, Bosh est souvent pointé comme le point faible du « Big 3 » et intégré dans tous les projets d’échanges imaginés par les journalistes ou les fans.

Arrivé en provenance de Toronto en 2010, le joueur est celui qui a vu son statut changer du tout au tout dans cette opération. Franchise Player d’une équipe qui perd, tournant régulièrement à 20pts/10rbds, il a du s’adapter à une équipe où il n’était non seulement plus la tête d’affiche, mais également la troisième option offensive seulement. Il a du s’adapter à une équipe qui joue smallball, peu à même de mettre en valeur les intérieurs. Bosh a donc entreprit de modifier son jeu, devenant une vraie menace à l’extérieur, développant un shoot très fiable. Malgré un déficit physique conséquent face aux pivots de métier, son footwork au poste bas reste une valeur sûre.

Si Bosh a longtemps été au centre des critiques, c’est pour deux raisons : son manque de productivité statistique et son inconstance.

L’arrivée à Miami de l’intérieur a en effet été traduite par une forte baisse dans ses statistiques : en posant ses valises en Floride, Bosh est passé de 23 à 18points/match. Au niveau de la prise de rebonds, ses deux dernières saisons canadiennes sont les plus abouties avec 10 prises par match, contre environ 7 à Miami. Cette baisse est, nous l’avons dit, la conséquence directe de son passage de première à troisième option offensive et de son changement de jeu. En développant davantage son jeu extérieur, pour faciliter considérablement la fluidité du jeu de Miami en libérant des espaces, Chris Bosh s’éloigne logiquement du cercle. De fait, il est plus difficile pour lui d’obtenir des positions favorables pour la prise de rebonds. Cette évolution dans son jeu est bien visible dans les statistiques : En sept saisons à Toronto, il a tenté 168 tirs à trois points. Depuis sont arrivée à Miami (quatre saisons) il en a tenté 215, dont 81 en seulement 41 matchs cette saison. Il est bel et bien devenu l’une des nombreuses menaces extérieures de Miami, et profite de sa grande mobilité pour prendre de vitesse ses adversaires plus lourds, ou les faire sortir de la raquette pour libérer de l’espace.

Du côté de la défense, Chris Bosh a du s’adapter encore une fois au système floridien, basé sur une défense très physique et surtout très mobile, avec beaucoup de changements de joueurs et de travail sur les lignes de passe. Dans ce système sa mobilité est d’une grande aide, mais il souffre toujours en homme à homme face à de vrais pivots de métier.

Cette saison représente l’aboutissement du processus de la transformation de son jeu. S’il n’a jamais marqué aussi peu depuis sa saison rookie, il n’a jamais été aussi efficace. Son nombre de turnovers est le plus bas de sa carrière (1.5/matchs), il réalise une très belle performance à trois points (37 % de réussite) et à deux points (53% de réussite). Ceci est sans aucun doute permis par un changement dans la façon d’appréhender son apport à Miami, peut être déclenché par son rôle décisif en finales NBA. On constate en effet que Chris Bosh reçoit de plus en plus souvent le ballon en début de possessions, que des systèmes sont construits pour lui. Il est généralement le premier scoreur des matchs du Heat, Lebron et Wade tentant généralement de le mettre en confiance tôt dans le match.

Bankshot. On notera que Spoelstra est plutôt soulagé.

Si ses coéquipiers entreprennent souvent de le mettre en confiance, c’est parce que le défaut persistant de Bosh est son irrégularité. C’est un joueur de série. On le voit souvent ne rentrer aucun shoot pendant une longue période, se retrouvant parfois à 0/7 avant de soudainement régler la mire et redevenir efficace. Capable de réaliser d’horribles matchs au shoot (son 1/18 au shoot en 2011 est proche d’un record), il est aussi un redoutable tueur lorsqu’il est chaud, enchainant les tirs primés. Ses coéquipiers l’ont désormais compris et tentent de le mettre en confiance, et il leur rend bien. Capable d’être clutch par sa défense ou ses rebonds, il l’est également au shoot. Il est l’un des tous meilleurs par son taux de réussite dans les tirs pour la gagne : 7/10 (Tirs à 3 points pour égaliser/passer devant dans les 10 dernières secondes d’un QT4 ou Overtime). Cette saison, il a déjà donné la victoire au Heat contre une impressionnante équipe de Portland sur un tir primé., et surtout contre Charlotte. Une performance folle qui montre de quoi il est capable lorsqu’il est en confiance : 13 points de suite en fin de match dont un 3/3 à trois points pour faire passer le Heat devant.

Chris Bosh est une pièce indispensable du système que le Heat a mis en place depuis 2010 et a su s’intégrer, s’adapter et évoluer dans le but d’apporter le plus à l’équipe. Joueur de devoir et amuseur de vestiaire, il a conservé la confiance des dirigeants et leur a prouvé à de nombreuses reprises qu’ils avaient bien fait. Cependant Chris Bosh reste un joueur frustrant. Par sa tendance à passer par des trous d’airs au niveau de l’adresse et son faible nombre de rebonds, il peut agacer. Mais il faut garder à l’esprit qu’il s’intègre de cette façon à une équipe de Miami qui lui demande de se mettre en confiance au tir, et qui a depuis longtemps abandonné l’ambition de dominer au rebond. DinoBosh est plus qu’un facteur X du Heat, il est une pièce primordiale et parfaitement intégrée dans la grande machine construite par Pat Riley et Eric Spoelstra, construite pour le titre, pour le Threepeat.