Arsenal, pas l’étoffe d’un grand club ?

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La rédaction de Débats-Sports.com a le plaisir d’accueillir dans ses colonnes la contribution d’une jeune plume. A 18 ans, Sébastien Girard a derrière lui plusieurs années de passion pour le football, le basket et la NFL. Il ambitionne de devenir journaliste sportif pour, qui sait, prendre la place de Pierre Ménès au CFC !  Il nous livre son analyse sur le cas des Gunners, un grand club d’Europe? 



Le Football Club d’Arsenal est incontestablement un grand club anglais mais est-il pour autant un grand club européen ?

Créé il y a de cela 126 ans, le club d’un des quartiers du nord de Londres a un palmarès national qui impose le respect alors que ses succès continentaux se font rares. Vainqueurs de treize championnats, dix FA Cups et deux League Cups, les Gunners ne comptent qu’un seul titre européen : la Coupe des Vainqueurs de Coupes glanée aux dépens de Parme en 1994. Le club dirigé depuis plus de 16 ans par Arsène Wenger n’est-il qu’un club tremplin ? Depuis quelques années, la pensée se fait de plus en plus courante parmi les experts de la Premier League.

Les joueurs deviennent grands et puis s’en vont

En effet, ces dernières années on a pu constater que les joueurs formés ou révélés par Arsenal partaient gagner des titres ailleurs. Tout d’abord, c’est Thierry Henry que Arsène est allé chercher sur le banc de la Juventus alors qu’il n’avait encore que 22 ans. Huit années plus tard, il est devenu le meilleur buteur de l’histoire du club et à jamais The King of Higbury. Malheureusement, il n’a jamais réussi à faire gagner la Ligue des Champions à Arsenal. Son souhait étant de la remporter, il s’envole pour Barcelone à l’été 2007 et remporte la coupe aux grandes oreilles deux saisons plus tard.

Ensuite, c’est Cesc Fabregas, repéré dans la réserve du FC Barcelone par Arsène Wenger alors qu’il n’avait que 16 ans, qui retrouve son club formateur après huit saisons passées dans le nord de Londres. Titulaire presque indiscutable à seulement 18 ans, le catalan exilé ne rêve que d’une chose : porter un jour le maillot de son club formateur. Alors quand le Barça fait le forcing pour s’attacher ses services, il n’a de cesse de répéter qu’il veut s’en aller. Il obtiendra gain de cause au mois d’août 2011 et gagnera deux trophées en… deux matchs.

Bien que ces départs aient déçus les fans d’Arsenal, ils les ont compris et acceptés. Mais il y a des départs qu’ils n’accepteront jamais.

C’est le cas d’Ashley Cole qui, à la fin de la saison 2005/2006, signe pour un autre club de Londres : Chelsea. Et ça, en Angleterre, on ne l’oublie pas. Il a osé ! Pour les supporters anglais, rien n’est pire que de signer dans un club d’une même ville. Mais quelque chose d’autre n’est pas toléré : s’engager avec un rival pour le titre en refusant de signer un nouveau contrat.

Et à Arsenal, on connaît bien. Samir Nasri a bien compris qu’il n’était plus le bienvenu à l’Emirates Stadium lorsqu’il quitte le club pour signer à Manchester City après avoir refuser des offres de renouvèlement de contrat très intéressantes. Idem pour Robin Van Persie qui a clamé haut et fort qu’il ne se voyait pas rester dans un club « qui n’a pas assez d’ambitions et ne recrutent pas de grands joueurs ». Pourtant il a bien dû voir Santi Cazorla, Olivier Giroud et Lukas Podolski à l’entrainement… Dans le cas du français, Arsène Wenger a accepté son départ mais pour le néerlandais ce n’était pas si simple. En effet, le technicien alsacien voulait le conserver lors de sa dernière année de contrat mais la direction n’était pas de cet avis. C’est tout à fait compréhensible de vouloir conserver son meilleur joueur mais ça ne l’est pas de s’asseoir sur une trentaine de millions d’euros !

Les finances sont saines… et heureusement !

Former des joueurs et les voir partir au moment où ils sont capables de remporter des titres, c’est rageant. Mais le point positif est que les finances du club sont saines. Arsenal est un des deux seuls clubs européens à avoir des finances saines (NDLR : l’autre étant le Bayern Munich). Vendre ses joueurs à 30M€, 40M€, ça fait plaisir aux banquiers !

Mais la question est toujours la même : Arsenal peut-il remporter des titres majeurs avec cette politique ? La réponse est bien évidemment non, et Arsène Wenger l’a bien compris. Le manager a fait signer l’allemand Lukas Podolski (27 ans, plus de 100 sélections avec l’Allemagne !) pour 13M€ en provenance de Cologne ainsi que Santi Cazorla (27 ans, champion du monde 2010 et champion d’Europe 2012) pour 20M€. Aurait-il enfin compris que se baser sur l’avenir c’est bien, mais que ça ne suffit pas ? Le départ de Captain Robin a le mérite de lui avoir fait comprendre.

On peut également penser que l’achat de joueurs à forte valeur marchande est due au fait que le club ait fini de rembourser le stade. En effet, la construction de ce joyau a coûté la modique somme de 468 millions d’euros ! Bien que le contrat de naming avec la compagnie aérienne ait couvert plus d’un quart (147M€), le club avait des échéances. Mais à présent, le stade est parfaitement rentable. Les experts estiment que, par soir, l’Emirates rapporte un million d’euro de plus qu’Higbury à l’époque des Invincibles !

Les Gunners peuvent-ils, enfin, devenir des grands d’Europe ? Dans les saisons à venir, il semblerait que oui. Espérons que parallèlement au recrutement de bons joueurs déjà confirmés, Arsène Wenger continue à nous sortir des pépites comme Jack Wilshere. Outre la perte de Robin Van Persie, Arsenal a également céder Alex Song au FC Barcelone. Encore un joueur révélé par le club qui part au bout de quelques saisons.

Alors, oui, c’est bien de recruter des très bons joueurs mais si en même temps le club n’est pas capable de retenir les hommes qui composent sa colonne vertébrale, ça ne sert à rien. Bien entendu, l’équipe est très bien fournie au milieu de terrain et compte même se renforcer avec l’achat de Yann M’Vila. Mais entre un milieu défensif qui sort d’une saison à douze passes décisives (et un nombre incalculable de récupérations) et un autre qui vient de faire une mauvaise saison en, étant critiqué de toutes parts, sans jamais se remettre en question… Il y a un monde ! De plus, il devra s’adapter à une nouvelle équipe ET un nouveau championnat, ce qui n’est pas chose aisée. Tout comme Olivier Giroud, qui a l’avantage d’avoir effectué l’avant-saison avec Arsenal.

Parlons-en d’Olivier Giroud. On l’a connu étincelant en Ligue 1, un joueur très complet (sauf pour utiliser son pied droit), adroit devant le but et intraitable dans le jeu aérien. Mais la Premier League c’est un autre niveau, les défenseurs sont plus rugueux, les gardiens moins bons et certains donnent des coups (qui a dit Barton ?).  Il lui faudra s’adapter très vite à ce jeu anglais au risque de voir Podolski lui piquer sa place dans l’axe.

Mais les Gunners peuvent-ils remporter quelque chose avec Giroud en pointe ? Cette année, à part une coupe, je ne pense pas. Bien qu’on ait vu notre tour de contrôle monter en puissance dans notre championnat, il n’a aucune expérience européenne. Donc ça risque d’être limite pour la Ligue des Champions, d’autant que certains clubs sont mieux armés (Real Madrid, FC Barcelone, Bayern Munich, Manchester United & City). Pour remporter la Premier League, ce sera un combat chaque semaine et il ne faudra pas laisser de points en route bêtement comme l’année dernière, en début de saison ou à la maison face à QPR par exemple.

Bref, Arsène Wenger doit tout donner pour remporter au moins une coupe cette saison. Le Championnat ce sera difficile, mais pas impossible. Olivier Giroud devrait réussir dans ce championnat notamment grâce à son entraineur qui a fait énormément pour d’autres joueurs et qui fera de même pour lui.

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