Accident de chantier ou première pierre posée ?

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C’est l’un des seuls changements de cette période de transferts exceptionnellement morne: les deux franchises en reconstruction de la côte Ouest Sacramento et Houston ont tenté d’accélérer le processus en s’échangeant certains de leurs joueurs respectives.



Alors que tout mouvement est désormais proscrit, il est temps d’analyser les profits ou les erreurs d’une telle manœuvre pour chacun des deux camps dans leur logique de rebuilding.

Accident de chantier ou première pierre posée ?

A l’instar de leurs homologues, les dirigeants de Sacramento présentent une stratégie difficilement lisible. La première chose qui frappe dans la transaction du côté de Sacramento tient simplement à ce qu’elle ait eu lieu.

En effet, tous les bruits de couloir indiquaient qu’aucun mouvement des Kings n’aurait lieu dans la mesure où la franchise est en instance de déménagement, sans que ce dernier ne soit réellement acté.

Il semblerait donc que la décision ait été prise en concertation avec les investisseurs de l’Etat de Washington. Le trade n’en est que plus déconcertant.

Les départs : Thomas Robinson, Francisco Garcia et Tyler Honeycutt  

Après avoir fait le constat de l’échec récurent des californiens depuis de nombreuses années, nous avions pointé du doigt le problème de l’addition dans le vestiaire de basketteurs à la mentalité sujette à discussion.

Si un ou deux cas peuvent tout à fait être assimilés à un collectif qui se distingue par un bon esprit, l’accumulation de ceux-ci fait immanquablement effet boule de neige et installe l’équipe dans la médiocrité.

Nous avions notamment cité, à titre d’exemples, l’évolution d’Andray Blatche et Javale McGee après leur départ de la très dysfonctionnelle formation des Wizards.

Nous préconisions donc de mettre la franchise en chantier.

Thomas Robinson, s’il n’a pas eu l’effet escompté sur l’équipe, possède un mental de guerrier forgé par son itinéraire très particulier.

De plus, le 5ème choix de la dernière Draft et principal rival d’Anthony Davis l’an passé pour le titre de National Player of the Year a une valeur marchande ainsi qu’un potentiel, que son faible temps de jeu l’empêchait en partie de réaliser, toujours importants.

Francisco Garcia, pour sa part, n’est certes pas un joueur d’élite ou un facteur X qui change le visage d’une formation. Cependant, les points forts de l’ailier capable d’artiller à trois points mais aussi de tenir et de faire circuler la balle correspondent précisément aux lacunes de la bande à Cousins.

Surtout, le vétéran a toujours fait montre d’un grand professionnalisme, même aux pires heures de la franchise. Un exemple non suivi, il est vrai, mais rare au sein de l’effectif.

Tyler Honeycutt n’étant pas un élément majeur du groupe, son départ ne devrait pas se faire sensiblement ressentir, sur le terrain comme en dehors.

En d’autres termes, si nous préconisions effectivement d’effectuer des mouvements conséquents, seule la déconcertassions subsiste face au choix des basketteurs invités à faire leurs valises puisqu’ils ne sont pas les principaux responsables de la crise qui règne au sein de l’équipe actuellement.

Les arrivées : Patrick Patterson, Cole Aldrich et Toney Douglas

Le constat est également mitigé de ce coté de la lorgnette. Sur le plan sportif, les bénéfices de ces arrivées resteront en effet limités.

Cole Aldrich, homme de devoir, ne risque en effet pas de glaner de nombreuses minutes au poste 5 derrière la vedette de l’équipe Demarcus Cousins, sans occulter la concurrence avec Chuck Hayes.

Toney Douglas fait quant à lui doublon avec Aaron Brooks dans le rôle du shooteur de sortie de banc, arrière dans un corps de meneur, et d’adepte de la monopolisation du cuir.

Ce rôle de menace offensive en 6ème homme et phagocytant un peu le jeu nécessairement,  est déjà tenu avec efficacité par Marcus Thornton par ailleurs.

Nul doute que l’ancien Knick devra travailler ses hand checks et ses agitations de serviette pour s’adapter à son nouveau rôle.

Patrick Patterson sera évidemment le principal gain pour les Kings dans l’opération.

Meilleur que Thomas Robinson, pour le moment, Patrick Patterson ne dispose pourtant pas de ces grands potentiels que les franchises en construction convoitent.

Solide comme basketteur de complément, l’intérieur ne possède pas un arsenal offensif de premier plan, relative faiblesse que le système des Rockets cachait habilement.

Parler d’upgrade semble de plus risqué puisque les profils défensifs de Jason Thompson ou de Chuck Hayes sont similaires à celui de nouveau venu, même si ce dernier a un niveau supérieur à ses concurrents dans la rotation.

Un tel constat pousse à chercher les motivations californiennes dans le domaine extra-sportif.

Les nouveaux éléments sont a priori travailleurs et dotés d’une bonne mentalité, à l’exception peut-être de Toney Douglas, croqueur devant l’éternel. Ils ne devraient donc pas particulièrement nuire au vestiaire. Dans le même temps, Patrick Patterson a côtoyé Demarcus Cousins à l’université de Kentucky.

Nous avons donc trouvé deux raisons hypothétiques qui ont peut-être compté dans la prise de décision :

La première est que l’organisation compte sur son ancien coéquipier pour canaliser et raisonner la star de l’équipe, quitte à provoquer des disputes. Mais l’absence de changement de Cousins depuis qu’il a quitté Kentucky rend cette hypothèse peu crédible, à moins que les Kings aiment les paris vraiment très risqués.

La seconde est que la direction veut amener à sa star un de ces amis pour répondre à ses envies, pour la contenter et une telle démarche ne serait pas plus souhaitable…

Une autre piste extra-sportive mène au chapitre financier.

Certains observateurs mettent en avant un contrat encombrant de Francisco Garcia et le trade pourrait poursuivre l’objectif de libérer de l’espace salarial dans la perspective de signer des agents libres.

Mais à quoi bon ?

Bien que la question puisse paraître rude, elle a le mérite d’être posée. Qui veut jouer aux Kings aujourd’hui ? Certainement pas un joueur d’élite…

Reste la possibilité de pouvoir signer un basketteur en fin de contrat au maximum après l’avoir acquis via un transfert du même acabit que celui qui amena James Harden aux Rockets.

Ce genre d’opportunités ne se présente cependant pas tous les jours et il faudra tout de même à la franchise proposer un package présentant un minimum d’intérêt le cas échéant.

Si la volonté de modifier le roster est louable, les premiers mouvements ne présagent, pour l’heure, rien de bon quant à la direction que cherche à prendre la (nouvelle ?) direction.

Les premiers augures ne donnent pourtant pas le fin mot de la stratégie des Kings et s’inscrivent peut-être dans un plan d’action plus large encore imperceptible.

Espérons-le tout du moins…